Le voyage au service de l'inspiration - Un tour du monde en famille
Nous avons eu envie d'interviewer Pol Dubuis, notre designer, pour comprendre comment il vivait son voyage autours du monde en famille, voyage qui l'a inspiré pour créer les motifs de notre nouvelle collection Carnet de Voyage...
Pourquoi avoir eu envie d’entreprendre un tour du monde en famille ?
Claire et moi sommes amoureux du Voyage. Nous aimons aller voir ailleurs, se confronter à d’autres façons de vivre et de voir le Monde… Ce projet est un vieux rêve… Nous en parlons depuis au moins 15 ans, et même sur notre faire part de mariage, bien avant d’avoir des enfants, il y avait des petits dessins des grandes étapes de notre vie, dont un prémonitoire qui nous représentait parcourant le globe avec 2 enfants… Il y a 5 ans, nous avons commencé à y penser plus sérieusement, à économiser, préparer, imaginer un parcours … Et puis tout ça a volé en éclat avec l’arrivée du Covid ! Mais ça n’a pas entamé notre envie de partir ! C’était prêt, c’était le moment, envers et contre tout ! Alors en Août 2020, après avoir décalé un peu notre départ, nous avons loué notre maison pour nous lancer dans la grande aventure d’un voyage familial d’un an ! C’est un grand saut dans l’inconnu car alors nous ne savions pas du tout comment ce voyage allait pouvoir s’organiser. Nous avons même imaginé voyager pendant un an en France, en visitant différentes régions !
Quelle a été le premier pays visité et le plus lointain ?
En partant, fin Août 2020, nous n’avions pas trop de visibilité sur les mois à venir, comme tout le monde … Alors on a fait « simple ». On est parti deux mois en Corse. Il y avait le dépaysement, une région magnifique à explorer et la facilité de rester en France… Et puis début novembre, ça a été comme un deuxième départ quand nous nous sommes envolés pour le Costa Rica.
Pour le pays le plus lointain, pour l’instant (le voyage n’est pas fini et on ne sait pas encore la suite du parcours…) c’est au Mexique que nous sommes allés le plus à l’ouest, dans l'État du Oaxaca, sur la côte pacifique. Mais peut-être que le plus loin en distance, ce sont les îles des Galápagos, je n’ai pas vérifié… En tout cas, c’était l’occasion de passer la ligne de l'Équateur, ce qui symboliquement a été marquant !
Quel est l'endroit qui vous a le plus marqué et pourquoi?
C’est une question qu’on nous pose régulièrement, et qu’on a posée nous même aux familles voyageuses que nous avions rencontrées avant de partir… Et puis quand on y est, on comprend que c’est impossible de répondre !
Il y a des expériences fortes dans tous les pays qu’on a eu la chance de visiter ! La faune incroyable du Costa Rica, l’énergie incroyable de sa jungle… La gentillesse des gens au Guatemala, les marchés colorés, les volcans en éruption que nous avons pu approcher de très très près… Le grand bain de culture Maya, un peuple encore bien vivant aux racines très anciennes, entre le Guatemala et le Mexique… approcher des baleines à bosses sur la côte pacifique du Mexique, et plonger avec des requins sur la côte Caraïbe… Retrouver de vieux amis en Colombie… Et puis il y a eu les Galápagos. La proximité avec la faune sauvage, jouer avec les otaries, observer les tortues terrestres géantes et nager avec les tortues marines, bronzer avec les iguanes marins, plonger avec les requins marteaux… Oui, je crois que les Galápagos garderont une place à part dans mes souvenirs !... Parce que ces animaux n’ont pas peur de l’homme et qu’ils vivent ensemble sur ces îles, les uns à côté des autres. C’était vraiment incroyable !
Maintenant, nous sommes en Grèce et nous découvrons l’accueil sacré d’ici, la « filoxenia ». La gentillesse des gens rencontrés ici est vraiment exceptionnelle.
C’est d’ailleurs une synchronicité intéressante : Pour notre blog, nous avions imaginé un petit personnage, le domovoy, qui est, dans la culture slave, le gardien de la maison et que nous avons décidé d’emmener avec nous. Nous lui avions donné un nom, Xenophilius (de « xenos » qui veut dire « étranger » et « Philos » qui veut dire « qui aime »). Ici, en Grèce, nous retrouvons exactement le même mot, la Filoxenia, avec les mêmes racines ! L’Amour de l’étranger, c’est un bon moteur pour notre voyage, non ?
Voilà quelques moments marquants. Peut-être les plus « vendeurs » de ce voyage. Mais il y a tellement de moments forts que nous avons vécu en famille depuis ces 10 mois !
Qu’est-ce qui a failli vous faire abandonner ce projet ?
Il aurait été facile de repousser ce voyage d’un an ou deux. Mais on y tenait tellement ! C’était inconcevable ! Nous avons donc décidé, consciemment, de partir quand même. Nous savions, à l’intérieur de nous, que c’était le moment, l’intuition que c’était juste de partir.
Alors oui, tout a été modifié ! Nous avions imaginé initialement passer six mois en Amérique du Sud et six mois en Asie…
Les frontières s’ouvrant et se refermant rapidement, il n’est plus possible de prévoir longtemps à l’avance. On voyage beaucoup plus au jour le jour, ou presque. On anticipe très peu. Ça permet d’être beaucoup plus dans l’instant, moins dans la consommation touristique… Aujourd’hui nous voyons cette contrainte de la pandémie comme une véritable opportunité d’être beaucoup plus dans le voyage, de prendre le temps. C’est une grande bénédiction, finalement ! Et nous avons la chance de voyager dans des lieux avec beaucoup moins de fréquentation qu’en temps ordinaire… Nous étions récemment à Delphes, seuls dans un site mythique et pourtant désert…
En tous cas, après 10 mois de voyage, tout nous a donné raison d’être partis. Nous n’avons aucun regret et au contraire, mesurons la chance que nous avons et l’écart, encore plus grand cette année, entre notre aventure et notre vie si nous étions restés…
Comment organisez-vous vos journées ?
Il n’y a pas d’organisation fixe. Il y a des jours de visites, des jours de transport, des jours de pause… Dans ces derniers, il faut alors faire l’école pour les enfants, qui sont en CE2 et 5e et trouver du temps pour le travail car Claire, mon épouse, et moi continuons à travailler à distance, même si nous avons fortement réduit la voilure. Mais ça va dépendre énormément de là où on est, du type de logement et de la forme ou de la fatigue de l’équipe !
Diriez-vous que c’est une contrainte d’emmener ses enfants avec soi ou plutôt une opportunité ?
Il n’y a pas eu besoin de convaincre les enfants. Comme je le disais avant, ils ont toujours su qu’un jour on partirait tous les quatre. C’était donc presque normal, pour eux, de prendre la route, enfin ! Au début, je craignais un peu de les avoir embarqués dans un projet fou, une lubie un peu égoïste … Je me souviens d’une phrase de mon fils de 9 ans qui a tout changé, sur une plage du Costa Rica, où on admirait des raies aigles qui faisaient des allers-retours devant nous : « quand je vais raconter tout ce qu’on a vu à mes copains, ils ne vont jamais me croire ! » Et on était encore dans les premiers mois du voyage. Voilà, je crois qu’ils ont conscience de l’aspect extra-ordinaire de ce que nous vivons. Même si pour eux c’est presque normal, car on leur avait toujours parlé de ce projet.
En tous cas, j’admire leur capacité à s’adapter. On peut être dans une chambre d’hôtel à Bogota ou dans un trek dans la jungle au Guatemala, ils nous suivent toujours avec une confiance absolue. Ils parlent souvent du retour, de ce qu’ils auront envie de faire l’année prochaine, mais ne semblent pas en manque ou nostalgiques de leur maison, de leur confort… Ce qui leur manque le plus, finalement, ce sont les copains ! C’est d’ailleurs quasiment notre unique motivation pour rentrer de ce voyage 😉…
De tout ça, ce qu’ils apprécient le plus, il me semble, c’est le contact avec les animaux (même quand ce sont des chiens ou des chats !). J’ai le sentiment que le contact à la Nature est ce qui nous marque le plus, quels que soient les pays.
Je suis curieux de voir ce qu’ils retiendront de cette grande expérience. J’imagine qu’en rentrant ils vont s’empresser de retrouver leur vie d’avant, leur rythme avec l’école, les copains, les cousins, que ces petites graines plantées vont se reposer tranquillement et que tout ça ressortira plus tard, peut-être dans quelques années.
Et je me demande aussi quels liens cette aventure aura tissé entre eux deux et entre nous quatre. Nous vivons 24h sur 24 ensemble. D’un côté c’est une chance incroyable de passer tout ce temps ensemble mais c’est aussi pesant je crois pour chacun de nous. Il est rarement possible d’avoir du temps pour soi. J’espère qu’on ne retiendra que le meilleur de tout ça ! On verra !
Faites-vous une compensation carbone de vos trajets ?
Voilà une question qui nous a taraudé un moment. Est-ce légitime de prendre l’avion aujourd’hui ? Pourquoi vouloir partir au bout du Monde alors qu’au quotidien nous essayons d’avoir une démarche locale, respectueuse de l’environnement, la moins impactante possible…
Mais le besoin de rencontrer d’autres cultures, de se confronter au dépaysement total a été le plus fort.
Alors oui, nous pensons compenser notre bilan carbone à la fin de notre voyage, mais nous essayons aussi de limiter au maximum les déplacements, nous avons essayé de prendre le temps dans notre voyage, ne pas faire de la route pour faire de la route, de prendre les transports en commun…
Nous essayons aussi de faire plein d’autres petits gestes : ne pas acheter de bouteille d’eau mais utiliser nos gourdes (on filtre l’eau quand elle n’est pas potable), refuser les sacs plastiques dans les magasins, essayer de limiter autant que possible les emballages… Revenir de la plage avec un sac de déchets ramassés sur le sable… des petites gouttes de petits colibris...
Comment ce voyage influence-t-il votre travail de designer ?
Pour l’instant, je ne sais pas encore… J’ai pu créer la collection de motifs pour Naturna inspirés de notre voyage, par exemple. Mais il y a beaucoup de choses qui se passent au niveau de l’inconscient. Des formes que l’on va enregistrer et qui ressortiront plus tard, des styles, des alliances de couleurs… Ce qui est sûr, c’est que la créativité à besoin d’être alimentée. Je pense que je fais là de bonnes réserves ! ;)
Et comme j’ai un peu plus de temps que d’habitude, je suis aussi en train de penser à ce que j’aime faire ou ce que je ne voudrais plus faire comme type de projets en rentrant. Ça fait du bien aussi de prendre un peu de recul sur son activité !
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